Hong Kong se presente comme la « ville mondiale de l’Asie », une etiquette qui a ete principalement deployee par moquerie au cours des trois dernieres annees de repression politique et d’isolement induit par la pandemie. Pourtant, le gouvernement de la ville aimerait rendre le slogan vrai une fois de plus. Il avait espere que le Global Financial Leaders’ Investment Summit, qui a accueilli les gros bonnets financiers le 2 novembre, annoncerait le retour de la ville autrefois semi-autonome dans le monde.

Au lieu de cela, l’evenement s’est transforme en un autre symbole des maux de tete auxquels sont confrontes les investisseurs occidentaux en Chine. Les banquiers du continent, avec qui les directeurs generaux auraient frequente, ne pouvaient pas assister sans dix jours de quarantaine a leur retour chez eux. Les legislateurs americains ont exhorte les dirigeants a ne pas y aller, citant le bilan de la Chine en matiere de droits de l’homme.

Le marche boursier chinois offre une autre illustration des forces qui s’abattent sur les investisseurs autrefois optimistes. Bien qu’il ait legerement augmente ces derniers jours, suite a des rumeurs infondees selon lesquelles la politique «zero covid» de la Chine pourrait bientot prendre fin, l’indice Hang Seng China Enterprises, un panier d’actions chinoises cotees a Hong Kong, est en baisse de pres de 40% ce an. L’absence de tout changement de ton au Congres du Parti communiste a la mi-octobre a conduit a la derniere embardee. Les feux d’avertissement ailleurs clignotent egalement en rouge. La deterioration du marche immobilier menace de bouleverser le modele de croissance economique de la Chine. La deterioration des relations avec l’Amerique a conduit a de nouvelles restrictions commerciales, plus recemment sur les puces avancees.

Pourtant, pendant une grande partie de la derniere decennie, les grandes societes d’investissement ont fait des predictions optimistes sur les actions chinoises. S’exprimant a Hong Kong, Colm Kelleher, le president d’ubs, a declare que les banquiers mondiaux etaient tous « tres pro-Chine ». L’annee derniere, les analystes de Nomura, une banque japonaise, avaient predit que les annees 2020 seraient « la decennie pour doubler les actions chinoises ». A peu pres au meme moment, BlackRock, une societe d’investissement, a suggere que les allocations a la Chine devraient etre deux a trois fois superieures a leur niveau actuel, d’environ 4 %, dans les principaux indices. Les hypotheses a long terme de JPMorgan Chase sur le marche des capitaux, publiees a la mi-2020, prevoyaient des rendements annuels des actions chinoises nationales de 8 % au cours des 15 prochaines annees.

Ces entreprises auraient-elles pu prevoir les difficultes d’aujourd’hui, ou est-ce simplement la sagesse du recul ? La pandemie et la reaction du gouvernement chinois a celle-ci etaient difficiles a anticiper. En 2016, Tim Atwill, alors chez Parametric Portfolio Associates, un fournisseur de services d’indexation directe, etait un sceptique solitaire quant a l’inclusion des actions chinoises nationales dans les principaux indices des marches emergents. Il a fait valoir que l’industrie au sens large « acceptait aveuglement une allocation majeure a un marche qui a montre peu d’interet pour les droits des investisseurs etrangers ». L’abolition de la limitation des mandats presidentiels en 2018, lorsque Xi Jinping a commence a s’imposer au sommet de la politique chinoise, aurait du etre un moment d’introspection. La direction du voyage etait parfaitement claire au moment ou M. Xi a commence a sevir contre les geants de la technologie du pays en 2020.

Cependant, la realite est que les taureaux sont plutot moins haussiers qu’ils ne le paraissent a premiere vue. Meme de nombreux fonds qui s’expriment en public sur les opportunites d’investissement chinoises se limitent a des allocations a la Chine de quelques points de pourcentage seulement. Les actions chinoises nationales se voient attribuer un ratio d’inclusion de 20 % par msci, un fournisseur d’indices, dans ses indices boursiers de reference, ce qui signifie que leur presence est un cinquieme de ce qu’elle serait avec une ponderation complete du marche.

Ce decalage, entre effervescence en public et approche plus mesuree en pratique, traduit deux constats. La premiere est que parler contre la Chine a des consequences indesirables. Apres que JPMorgan a publie un rapport en mars indiquant que la Chine n’etait pas investissable, la banque a perdu sa position de principal souscripteur pour une cotation a Hong Kong d’une entreprise chinoise d’informatique en nuage.

La deuxieme prise de conscience est qu’investir en Chine s’accompagne desormais d’un serieux risque extreme : que les investissements pourraient un jour tomber a zero, si la politique chinoise tournait terriblement mal ou si les tensions a propos de Taiwan s’intensifiaient, dans la mesure ou les liens commerciaux et financiers entre la Chine et l’Ouest sont entierement separes. Certes, la Chine pourrait facilement avancer peniblement. Pourtant, le risque, meme s’il est relativement faible, d’un scenario cauchemardesque justifie une allocation d’actifs plus modeste, qui offre une exposition au continent, mais n’a pas le potentiel de couler un portefeuille si le pire devait se produire. Malgre tous les efforts pour suggerer le contraire a Hong Kong, c’est la probabilite d’un desastre qui aura ete dans tous les esprits.