« Cet hommage est un appel a l’action pour soutenir la revolution actuelle en Iran, menee par de courageuses femmes iraniennes qui risquent leur vie pour se dresser contre l’oppression et renverser un regime autoritaire de longue date », declare le Collectif d’artistes anonymes pour l’Iran. 

Samedi, le musee Guggenheim de Manhattan etait anime comme d’habitude, avec des touristes et des habitants qui montaient et descendaient la rampe en spirale emblematique du batiment. Puis, du haut de cette spirale, 12 bannieres rouges se sont deployees, s’etendant sur quatre etages.

Chaque banderole etait recouverte de pochoirs noirs representant Mahsa Amini, la jeune femme de 22 ans decedee le mois dernier sous la garde de la « police des mours » iranienne, qui l’avait detenue pour ne pas avoir porte correctement son hijab. A cote de l’image se trouvaient les mots « Femme, vie, liberte » en anglais et en kurde, qui sont devenus un cri de ralliement pour les jeunes femmes menant des manifestations contre la mort d’Amini. 

Alors que les bannieres descendaient la rotonde du musee, les spectateurs ont commence a applaudir et a applaudir, comme le montrent diverses videos publiees sur les reseaux sociaux.

Un groupe d’activistes appele le Collectif d’artistes anonymes pour l’Iran a assume la responsabilite de l’acte. « Cet hommage est un appel a l’action pour soutenir la revolution actuelle en Iran, menee par de courageuses femmes iraniennes qui risquent leur vie pour se dresser contre l’oppression et renverser un regime autoritaire de longue date », declare le groupe dans un communique.

Aux yeux de nombreux Iraniens, les institutions occidentales n’ont pas fait assez pour soutenir les manifestants. La cineaste et photographe iranienne Shirin Neshat, qui vit a New York, a publie une video de la manifestation sur son Instagram, ou elle a recueilli plus de 121 000 likes a ce jour. « [Mahsa] Amini a emerge au musee Guggenheim aujourd’hui ! » elle a ecrit. « Fiers de quelques courageux artistes iraniens [qui ont fait] une manifestation surprise en accrochant cette belle exposition aujourd’hui, ils sont la conscience du monde de l’art endormi qui se soucie peu des femmes iraniennes qui luttent pour les droits humains fondamentaux et la liberte. »

Maryam Eisler, une artiste nee en Iran et basee a Londres, a repondu a la legende de Neshat dans les commentaires. « Sleepy est un euphemisme », a-t-elle ecrit. « C’est une honte. »

La conception en spirale de l’architecte Frank Lloyd Wright du Guggenheim permet a la plupart des personnes presentes dans le batiment de voir l’atrium du musee, une disposition dont les manifestants ont deja profite. Plus tot cette annee, peu apres l’invasion russe de l’Ukraine, des militants ont fait voler des avions en papier dans l’espace principal pour appeler a une zone d’exclusion aerienne au-dessus du pays. 

En Iran, faire de l’art protestataire est beaucoup plus risque. Le ministere iranien de la Culture et de l’Orientation islamique exerce depuis longtemps une forte mainmise sur ce que les artistes sont autorises a dire dans leur travail. Depuis septembre, les autorites iraniennes ont tue plus de 200 personnes, dont 29 enfants, selon l’association Iran Human Rights. Ils ont egalement impose de severes restrictions sur l’acces a Internet.

Malgre les risques, les artistes iraniens continuent de manifester. Plus tot ce mois-ci, un artiste anonyme a teint l’eau des fontaines de Teheran en rouge vif. Environ une semaine auparavant, deux femmes anonymes avaient suspendu des cordes rouges aux branches d’arbres dans un parc de Teheran.

« Le peuple iranien est quotidiennement soumis a d’horribles violences et brutalites », ecrit le Collectif d’artistes anonymes pour l’Iran. « … Le demantelement des droits des femmes est un defi mondial, un probleme auquel nous sommes malheureusement confrontes, que ce soit ici en Occident ou au Moyen-Orient. Mahsa ne sera jamais oubliee et la cruelle injustice faite aux femmes iraniennes ne peut plus etre ignoree. Leur combat pour la liberte est tout notre combat.