Dans la foulee de Paris+ par Art Basel, la premiere edition de Fine Arts Paris & La Biennale s’est ouverte hier (jusqu’au 13 novembre) dans la cite marchande de l’art du moment.
La foire est une combinaison de deux salons autrefois distincts – Fine Arts Paris et la foire d’antiquites et d’arts La Biennale – et se deroule dans l’elegant Carrousel du Louvre. Le lieu, bien que plus petit que le lieu prevu pour la foire au Grand Palais, a partir de 2024 (l’evenement de l’annee prochaine aura lieu au Grand Palais Ephemere pendant que le premier subit des renovations), le lieu temporaire a neanmoins fourni un cadre solide aux organisateurs pour demontrer leur ambition. Et les concessionnaires etaient apparemment disposes a donner a la nouvelle coentreprise une chance equitable.
De l’etendue des pieces proposees (des antiquites au contemporain, des maitres anciens a l’art islamique), a la presentation tres soignee et a la restauration VIP soignee, il y a une ambition claire de lutter contre les geants de la foire.
« L’organisation de la foire offre un eclectisme qui rapproche cet evenement des grandes foires generalistes internationales telles que The Brussels Art Fair (Brafa) et The European Fine Art Fair (Tefaf) », precise Camille Sourget. Sa galerie eponyme a vendu deux grands Les Liliacees de Reodute pour des sommes « a six chiffres », lors de l’avant-premiere.
Un autre marchand de manuscrits, Daniel Crouch, dont l’etalage proposait des pieces entre 2 500 et 1 750 000 €, semble etre d’accord : « Comme c’est la premiere fois, nous ne pouvons pas commenter la combinaison des foires », dit-il, ajoutant : « mais cela semble logique car ni l’un ni l’autre n’etait florissant auparavant, et maintenant que Paris est un centre de plus en plus important pour le marche de l’art, il est bon qu’ils se soient ressaisis. Nous exposons en tant que refugies economiques fuyant la betise du Brexit en quete d’acces au plus grand marche du monde.
Parmi les exposants figuraient de nombreux revendeurs de France et de Belgique, resultat de la lutte contre la pandemie par les organisateurs pour eviter que les voyages internationaux ne deviennent intenables. Cela s’est traduit par une forte presence de l’art africain et oceanien, souvent affiche avec des ouvres modernistes. Cette approche a bien fonctionne pour Didier Claes, qui a vendu une figure ancestrale de Soninke Dogon, du Mali, entre 250 000 et 350 000 € et Patrick & Ondine Mestdagh, dont le realisateur a note que l’evenement avait recu une audience plus large par rapport a l’edition 2021 de Fine Art Paris, « en raison du changement de dates vers des dates plus appropriees » et a vendu un lit senoufo de Cote d’Ivoire « dans l’immediat », pour 15 000 €.
Les maitres anciens connaissent egalement des ventes soutenues, Michel Descours vendant 10 ouvres le premier jour, dont La ronde , (1843-1845) de Louis Janmot pour environ 200.000 €, et Didier Aaron rapportant la vente d’une grande nature morte d’Adriaen van der Cabe, pour une somme non divulguee. L’un des rares concessionnaires britanniques a participer, Charles Beddington, s’est associe a Artur Ramon. Parmi les ouvres qu’ils ont apportees se trouve Venise : Le Bacino di San Marco de Circle of Canaletto, avec un prix d’environ 100 000 €. Il raconte: « Le vernissage a ete tres frequente, avec autant de grands collectionneurs qu’on pouvait esperer attirer a une foire parisienne.
Certains des stands les plus impressionnants etaient axes sur les interieurs. Il n’est pas difficile de voir pourquoi l’exposition Chinoiserie de la Galerie Steinitz a remporte le prix du meilleur stand et une tapisserie de Jean Lurcat, Le Bois (1947), a attire beaucoup d’attention a la Galerie Chevalier. Alors que ce dernier n’avait pas ete vendu a son prix de 130 000 € a la fin de l’evenement VIP, Amelie-Margot Chevalier a note « beaucoup de clients tres interessants le soir de gala et beaucoup de clients etrangers aussi ».
L’art contemporain est mince sur le terrain, avec seulement deux galeries specialisees dans ces ouvres : les Galeries RX et la Galerie Christophe Gaillard.
Alors la France s’est-elle retrouvee candidate au Tefaf ? Pas encore. L’echelle est encore intime – a 86 stands, elle est plus proche en taille de la Brafa. Mais alors que le travail propose est de haute qualite, les prix les plus eleves se situent autour de quelques millions d’euros, plutot que de dix millions et plus. Cependant, l’edition de cette annee a fait de solides arguments pour consolider la position de la foire dans le calendrier charge du monde de l’art, et suggere que les organisateurs ont des plans de croissance future.