« Je n’ai parle francais qu’a 14 heures le jour de l’ouverture », a declare un galeriste. « Il y avait des musees et des collectionneurs du monde entier. Ca ne ressemblait pas a une foire parisienne », a ajoute Fabienne Leclerc, directrice de la galerie In Situ Fabienne Leclerc. La plupart des marchands de la foire s’accordent a dire que le reseau VIP d’Art Basel a change la donne pour Paris, attirant une moisson de nouveaux clients. Les nouveaux collectionneurs europeens sont nombreux, mais ce sont les directeurs de plusieurs musees americains, du Museum of Modern Art de New York a l’Art Institute de Chicago, qui se font le plus remarquer.

Il y avait des collectionneurs de haut calibre, des Rubell a Harry B. Macklowe, qui a vendu son immense collection chez Sotheby’s pour regler son divorce, et une cohorte de conseillers en art americains longtemps absents de la scene parisienne, dont Lisa Schiff, Abigail Asher et Barbara Guggenheim. De nombreux collectionneurs et conseillers asiatiques etaient egalement presents, les Coreens en tete.

Le seul inconvenient de l’ouverture etait la foule. « Trop de monde a ralenti les ventes, et il n’y avait pas moyen de s’asseoir cinq minutes avec un collectionneur le jour de l’ouverture. Il devrait y avoir moins d’invites au premier vernissage VIP », a declare Samia Saouma, la directrice de la galerie Max Hetzler. . Apres un petit tour des foires satellites, quelques collectionneurs qui avaient des reserves initiales sur les ouvres sont revenus hier. « J’ai vu d’excellentes ouvres d’art avec une presentation dynamique. La qualite des visiteurs etait incroyable », a observe le collectionneur Alain Servais.

La galerie Max Hetzler a accroche dans l’allee une splendide tapisserie monumentale de Glenn Brown, qui vient d’etre tissee dans la ville francaise d’Aubusson (connue pour ses tapisseries), ce qui est une premiere pour l’artiste. « Le prix, 350 000 dollars, est plus abordable que ses peintures de la meme serie, qui coutent 2 millions de dollars », explique Saouma. La galerie a vendu des pieces de Giulia Andreani, nominee pour le Prix Duchamp 2022, et du duo Ida Tursic Wilfried Mille. La galerie Zeno X a vendu des ouvres de Mounira Al Solh pour moins de 30 000 € a une collection de Dubai et a l’Art Institute of Chicago, et une piece de Marlene Dumas a un collectionneur britannique pour environ 400 000 €. Pace a vendu hier une ouvre de Robert Motherwell pour 6,5 m$, David Zwirner a Josef Albers pour 1 m$ et Almine Rech a Scott Kahn pour environ 1,2 m$.

Bien sur, Paris n’est pas aussi grand que Bale. Il manque a la foire le meme nombre de milliardaires americains, ceux qui sont susceptibles d’acquerir les Picasso et les Bacons apportes par Acquavella pour plusieurs dizaines de millions de dollars. Hier, elles etaient encore disponibles sur le stand de la galerie new-yorkaise, presente pour la premiere fois a une foire en France, puisque l’edition FIAC comportait un focus sur l’Art moderne.

« Ce serait mentir de dire que tout va mieux qu’a la FIAC », estime un exposant. « Nous y avons egalement tres bien vendu l’annee derniere. Bien sur, ici, il y a une meilleure organisation, une meilleure selection de galeries et de collectionneurs. » Comme a Bale cet ete, les decisions d’achat semblent moins impulsives que par le passe. « Le marche est tres fort et les prix aussi », explique un collectionneur europeen. « Il se passe beaucoup d’activite dans l’avant-premiere, mais aussi apres la foire », note Saoumia.

La galerie David Kordansky s’est epuisee, avec de grandes peintures de Hilary Pecis au prix de 150 000 $. « Je suis arrive trop tard pour cette artiste, qui est dans le top 50 des plus recherches en ce moment. Ca fait deux ans que j’attends, il y a une liste d’attente. Je suis tres patient, j’attendrai son exposition en mars prochain « , confie la collectionneuse Stephanie Fribourg. Laurent Dumas, le patron du groupe immobilier Emerige et grand supporter de la scene francaise, a pu acquerir des ouvres de Carmen Neely a la galerie Mariane Ibrahim, Hilary Balu chez Magnin-A, Latifa Echakhch a la galerie Dvir, Guillaume Leblon chez Nathalie galerie Obadia, Edgar Sarin et Anne-Marie Schneider a la galerie Michel Rein, et Kader Attia a la galerie morpentier.